"De nos jours, les femmes handicapées continuent d’être exclues du processus démocratique, des politiques et programmes de développement et des stratégies de réduction de la pauvreté à tous les niveaux au Burkina Faso"

Ainsi débute un article de Burkina 24 où Alfred Ouédraogo, secrétaire général de JUAH et coordonnateur de programme à Handicap Solidaire Burkina, souligne la nécessité et l'urgence de prendre en compte les besoins spécifiques des femmes handicapées. Pour Handicap Solidaire :

"Tant que les préoccupations, les besoins spécifiques et les droits des femmes handicapées ne seront pas intégrés dans toutes les étapes de la mise en œuvre des programmes de soutien à la politique genre au Burkina Faso, les résultats escomptés ne seront jamais atteints.

Si dans un contexte de pauvreté généralisée, la population ressent durement le phénomène, les personnes handicapées le ressentent plus, et les enfants ainsi que les femmes handicapées davantage. Leur handicap constitue un obstacle à bien des égards. En effet, dans l’ensemble de ces personnes handicapées, seulement 12,7% ont fréquenté l’école formelle dont 8,5% au primaire, 2,5% au premier cycle du secondaire, 1,0% du second cycle et enfin 0,7% pour le supérieur. On peut également noter que très peu de personnes vivant avec un handicap fréquentent des structures préscolaires (0,1%). Dans le domaine de l’éducation non formelle, les personnes handicapées ont
un taux d’alphabétisation nettement plus bas (12,5%) que l’ensemble de la population (26,2%).
L’analyse selon le sexe montre que c’est chez les femmes handicapées que se rencontre le moins d’alphabétisées car elles sont 8,5% sur la totalité des femmes pouvant être alphabétisées à l’avoir été contre 16,1% des hommes. En somme, les femmes sont plus touchées par le faible niveau d’instruction que les hommes car elles sont 91,6% à n’avoir aucun niveau d’instruction contre 82,5% chez les hommes.

C’est dans l’optique de contribuer à l’amélioration des conditions de vie citoyenne des femmes handicapées, que l’ONG Burkinabè Handicap Solidaire Burkina a initié et conduit sous l’appui financier du Fond Commun Genre, un projet de plaidoyer qui a débuté en 2011 en vue d’interpeller les acteurs au développement, les autorités locales et les décideurs politiques sur l’obligation de l’implication et de la prise en compte des préoccupions et des droits des femmes handicapées dans les programmes de développement et dans les politiques. Si en 2011, Handicap Solidaire Burkina a mené une vaste campagne de sensibilisation sur les droits des femmes handicapées dans les chefs lieux des régions du Burkina, 2012 sera l’année d’évaluation des impacts de l’initiative."

Dans un autre article de Faso actu sont rappelés les articles de la Convention Internationale Relative aux droits des personnes handicapées y compris ceux des enfants et des femmes handicapées ratifiée par le Burkina Faso le 23 juillet 2009.

Le thème 13 du Recensement général de la population et de l’habitation de 2006 du Burkina Faso concerne la Situation socioéconomique des personnes vivant avec un handicap. Il nous a été communiqué par Monsieur Alfred Ouedraogo, de l’association Handicap Solidaire Burkina.
Quelques extraits de la synthèse nous permettent de comprendre le contexte du projet

Sur les 14017262 habitants recensés en 2006 au Burkina Faso, 168 094 (soit 1,2%) vivent avec un handicap.
On note une baisse du nombre de personnes vivant avec un handicap par rapport aux données de 1985 et de 1996.
Les personnes handicapées des membres inférieurs sont nettement plus nombreuses que celles d’autres catégories (23,4% de la totalité contre par exemple 17,50% de handicapés visuels)
Le handicap touche plus les hommes que les femmes (52,7% contre 47,3%).
Dans leur grande majorité (80,6%), les personnes vivant avec un handicap se trouvent en milieu rural, et 19,4% en centre urbain.
Plus de la moitié des personnes vivant avec un handicap (57,3%) se rencontrent en sein des 15 à 64 ans considérés comme les groupes d’âges potentiellement actifs. C’est dans la capitale que cette proportion est la plus élevée.
46,9% des personnes vivant avec un handicap en âge de se marier se sont mariés contre 55,2% de personnes mariées au niveau de l’ensemble de la population, soit un peu moins qu’en 1996 car 51,5% de personnes vivant avec un handicap étaient déclarés mariées. Le milieu urbain se caractérise par une forte proportion des personnes célibataires vivant avec un handicap (39,2%).
Sur le plan migratoire, les personnes vivant avec un handicap migrent plus que l’ensemble de la population. (26,5% des personnes vivant avec un handicap contre 22,1% pour l’ensemble de la population).
Dans l’ensemble des personnes vivant avec un handicap, seulement 12,7% ont fréquenté l’école formelle dont 8,5% au primaire, 2,5% au premier cycle du secondaire, 1,0% du second cycle et enfin 0,7% pour le supérieur, et c’est en milieu rural que vivent la majorité des personnes vivant avec un handicap n’ayant aucun niveau d’instruction, 85,4%, contre 14,6% en milieu urbain. Les femmes sont plus touchées par le faible niveau d’instruction que les hommes car elles sont 91,6% à n’avoir aucun niveau d’instruction contre 82,5% chez les hommes.
43,5% des personnes vivant avec un handicap recensées sont occupées contre 40,8% qui se sont déclarées «inactifs» auxquels il convient d’ajouter les chômeurs (0,6%) et ceux en quête de leur premier emploi (0,8%). Le milieu rural compte plus de personnes vivant avec un handicap actives. Les personnes vivant avec un handicap travaillant à leur propre compte constituent la plus forte proportion des personnes vivant avec un handicap «actifs» au Burkina Faso : 48,1% suivies des aides familiaux (42,5%). Les salariés employés ne présentent que 3,6% et les employeurs, 0,6% de l’effectif de la population des personnes vivant avec un handicap. Les femmes représentent 25,3% des travailleurs indépendants et 0,3% des employeurs vivant avec un handicap. Elles sont par contre à 67,0% des aides familiaux contre 28,4% d’hommes. Le secteur des activités de fabrication est celui qui occupe le plus la population handicapée (10,0%)
51 535 chefs de ménage vivant avec un handicap (soit 2,2% de l’ensemble de chefs de ménage du pays) parmi lesquels figurent 6 402 femmes, (soit 12,4% de l’ensemble des chefs de ménage vivant avec un handicap). Parmi les chefs de ménage vivant avec un handicap, 28,5% sont paralysées des membres inférieurs.